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INTRODUCTION

Mille, proposé par les Quatre Cents à l’armée de Samos, cf. Thucydide viii 86, 3 ; — roulement entre les Cinq Mille pour la liste des Quatre Cents, proposé aux hoplites réunis à l’Anakeion, cf. Thucydide viii 93, 2), nous apercevons l’origine de ces textes : nous avons sans doute deux projets d’oligarques modérés, tout au plus mis à l’étude en 411, et qui peut-être même auraient été l’objet d’un « avis favorable » des commissions chargées de les étudier. Après la chute des Quatre Cents, un de leurs partisans les aura présentés comme réellement votés et appliqués ; puis Aristote, les trouvant dans l’ouvrage qui lui servait de source et voyant dans l’allure officielle de leur style et dans leur aspect documentaire une raison de confiance, les aura introduits dans son œuvre en présumant que c’étaient des constitutions authentiques.

Le chapitre iv qui nous expose une constitution due à Dracon, tandis que tous les autres auteurs et Aristote même (Politique 1274 b 15-18), ne connaissent de lui que la rédaction d’un code, nous pose un problème analogue, mais dont la solution est plus nette. Cette prétendue constitution présente encore moins de caractères d’authenticité que celles des chapitres xxx et xxxi, dont elle se rapproche d’ailleurs par ses dispositions sur le roulement pour l’exercice des magistratures et les amendes pour absence. Elle renferme des traits que nous ne pouvons admettre au viie siècle : par exemple la fortune y est évaluée en argent et sert de base à une classification où on tient compte de tous les revenus, tandis que Solon ne compte encore que par mesures de blé ou d’huile ; les stratèges sont représentés comme les magistrats les plus importants alors que tout semble démontrer qu’ils n’ont existé qu’à partir de 501/0 (cf. chap. xxii 2). Là aussi nous avons affaire à une falsification, peut-être faite vers 409 au moment où l’on gravait à