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INTRODUCTION

vues assez divergentes que nous trouvons chez lui et chez Thucydide en ce qui concerne le meurtre d’Hipparque ou le régime des Quatre Cents. Ce sont même ces divergences qui, mal expliquées lors de la découverte de la Constitution d’Athènes, contribuèrent à décevoir des savants trop soucieux de l’unité des traditions antiques.

Aristote connaît et utilise aussi les auteurs d’histoires locales, les atthidographes et en particulier son contemporain Androtion qu’il suit au chapitre xxii 3 (sur l’ostracisme) et semble vouloir réfuter aux chapitres vi et x (abolition des dettes et réforme monétaire sous Solon).

Enfin il est un groupe d’œuvres auxquelles Aristote a abondamment recours pour toute la partie historique de son traité et qui, dans les chapitres xxv-xl, arrivent à évincer presque complètement les historiens proprement dits. Nous ne pouvons en saisir des traces que par l’influence qu’elles ont eue sur Aristote, mais cette influence est assez nette pour que nous puissions voir en elles des œuvres mi-historiques, mi-politiques, des pamphlets pour ainsi dire, qui a la fin du ve ou au début du ive siècle avaient cherché dans l’histoire d’Athènes des arguments pour la lutte politique. D’après les traces laissées par ces œuvres dans le traité d’Aristote, nous voyons qu’il en connaissait au moins trois ; l’une était de tendances démocratiques et a été utilisée par intervalles jusqu’au chapitre xxvi (ses traces les plus nettes se trouvent aux chap. vi 1 ; vii 2-3 ; xvi 4 ; xviii ; xx 3 ; xxv) ; les deux autres étaient favorables à la politique oligarchique ; mais, tandis que l’une procédait par attaques violentes contre les chefs ou les héros de la démocratie, l’autre exposait la constitution telle que, selon son auteur, elle avait existé dans le passé ou telle qu’on avait voulu la réformer à la fin du ve siècle. Le premier de ces ouvrages, le pamphlet proprement dit (dont nous voyons les traces