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Quatre Cents, avec les dix stratèges munis de pleins pouvoirs, entrèrent au palais du Conseil, gouvernèrent la ville et envoyèrent une ambassade aux Lacédémoniens pour tenter de mettre fin à la guerre, chacun des deux peuples devant garder ce qu’il possédait[1]. Comme les Lacédémoniens ne voulaient rien entendre si les Athéniens n’abandonnaient pas la maîtrise de la mer, ils rompirent les négociations.


Chute des Quatre Cents.

XXXIII. Le régime des Quatre Cents se maintint à peu près quatre mois ; et l’un d’eux, Mnésilochos, fut archonte pendant deux mois sous l’archontat de 411/0 Théopompos, qui fut en fonctions pendant les dix mois restants. Mais quand les Athéniens eurent été vaincus sur mer près d’Érétrie, et que toute l’Eubée se fut révoltée à l’exception d’Oréos, supportant ce désastre plus difficilement que les précédents (car l’Eubée leur rendait plus de services que l’Attique) ils supprimèrent les Quatre Cents et remirent le pouvoir aux Cinq Mille pris parmi les hoplites, en décidant qu’aucun magistrat ne recevrait d’indemnité.  Les principaux auteurs de cette révolution étaient Aristocratès et Théramène qui désapprouvaient les actes des Quatre Cents : ceux-ci en effet décidaient de tout par eux-mêmes, sans en référer pour rien aux Cinq Mille. Les Athéniens semblent avoir été bien gouvernés à ce moment, puisqu’on était en état de guerre et que le pouvoir politique appartenait aux hoplites[2].


La fin de la guerre du Péloponnèse.

XXXIV. Le peuple d’ailleurs enleva rapidement la direction de l’État aux hoplites[3]. Dans la sixième année qui suivit le renversement des Quatre Cents, sous l’archontat de 406/5 Callias d’Angélé, après la bataille navale des Arginuses, tout d’abord on jugea en un seul vote à mains levées les dix stratèges vainqueurs, dont les uns n’avaient pas même pris part à la bataille et les autres avaient été sauvés par un vaisseau qui n’était pas le leur ; mais le peuple avait été trompé par

  1. Une autre tentative de paix, plus pressante, fut faite par les Quatre Cents à la fin de leur domination ; cf. Thucydide, VIII 90-91.
  2. Jugement analogue chez Thucydide VIII 97, 2.
  3. Sans doute vers 410/9, où le Conseil des cinq cents a déjà repris ses fonctions ; cf. Andocide, Sur les Mystères 96.