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portèrent grâce à l’alliance du Grand Roi, les Athéniens furent forcés de modifier la démocratie et d’établir le régime des Quatre Cents[1]. Ce fut Mélobios qui parla au peuple avant le décret, et Pythodoros d’Anaphlystos qui rédigea la proposition. La plupart des Athéniens y étaient favorables parce qu’ils pensaient que le Grand Roi s’allierait plus volontiers à eux s’ils n’attribuaient de droits politiques qu’à un petit nombre de citoyens.

2Voici les dispositions du décret de Pythodoros : « Le peuple élira, en plus des dix commissaires déjà existants[2], vingt autres choisis parmi les citoyens âgés de plus de quarante ans. Ceux-ci, après avoir juré de rédiger les propositions qu’ils jugeront les meilleures pour l’État, rédigeront des propositions pour le salut de l’État ; tout autre citoyen aura aussi le droit de faire une proposition afin que l’on prenne le meilleur de toutes. »  Cleitophon se rallia à la proposition de Pythodoros, mais proposa d’ajouter que les commissaires élus auraient aussi à examiner les lois des ancêtres établies par Clisthène quand il institua la démocratie, ceci afin qu’on les prit aussi en considération et qu’on se décidât pour le mieux, et avec la pensée que la constitution de Clisthène n’était pas vraiment démocratique, mais analogue à celle de Solon.

4Les commissaires, une fois élus, proposèrent tout d’abord que les prytanes fussent tenus de mettre aux voix tout ce que l’on proposerait pour le salut de l’État ; puis ils supprimèrent les accusations d’illégalité[3], les dénonciations et les citations en justice, pour permettre à tout Athénien qui le voudrait de donner son avis sur les questions posées ; si quelqu’un cherchait à frapper d’une amende l’auteur d’une motion de ce genre, à le citer en justice ou à l’amener devant un tribunal, il serait poursuivi par voie de délation sommaire et de comparution immédiate devant les stratèges ; et ceux-ci le remettraient aux Onze pour qu’il fût puni de mort.

5Puis voici comment ils organisèrent le gouvernement :

  1. Sur toute cette période, cf. Thucydide VIII 54-97, dont le récit est assez différent de celui d’Aristote, surtout en ce qui concerne l’établissement du régime.
  2. Cf. Thucydide VIII 1, 3 : ces dix commissaires avaient été établis quand arriva à Athènes la nouvelle du désastre de Sicile.
  3. Sur les accusations d’illégalité, cf. XLV 4 et LIX 2.