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et si nouvelle description de l’entendement pur, il a bien pu prendre de simples apparences pour des réalités, imaginer des êtres que lui seul a connus et que lui seul connaîtra, créer des fantômes que l’observation ne peut plus retrouver. Mais son point de départ n’en est pas moins admirablement juste. L’esprit apporte dans l’acte de la connaissance une part incontestable. Elle est un des deux termes sans lesquels la science ne serait pas. Quelle est cette part de l’entendement ? jusqu’où s’étend-elle ? et que pouvons-nous en savoir ? Voilà ce que personne, depuis Platon, ne s’était demandé aussi nettement que Kant l’a fait : voilà le grand problème que Kant s’est posé. Il ne l’a pas résolu complétement ; surtout, il ne l’a pas résolu avec assez d’ordre et de méthode. Mais c’était beaucoup que de le discuter dans ces termes, et sa tentative, toute imparfaite qu’elle est sur bien des points, a suffi pour lui assurer une place éminente en philosophie.

Kant et Platon ont donc constaté que l’universel, tel que la science l’exige, ne peut pas venir exclusivement des sens. La sensibilité conserve pour l’un et pour l’autre une importance égale à celle de l’esprit ; car elle n’est pas moins nécessaire que lui à la science, soit pour la ré-