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noncer positivement, et ne point laisser l’ombre même du doute. Platon est en ceci infiniment supérieur. Il serait difficile de défendre la théorie des Idées tout entière telle qu’il l’a faite, dans sa partie mythique aussi bien que dans sa partie purement logique et réelle. C’est un parti très-violent à prendre, et que Socrate ne prend pas sans un peu de doute et d’ironie, que de supposer à l’âme une vie antérieure d’où elle a rapporté de son commerce avec la véritable essence des choses, ces notions universelles dont elle ne voit en ce monde, par l’entremise mensongère des sens, que des cas particuliers et périssables. Mais du moins si c’est une résolution extrême, en admettant que la vraie pensée du philosophe ait besoin de ce complément, c’est une résolution qui ne laisse point la plus légère incertitude ; c’est du courage métaphysique si jamais il en fut. Platon, il est vrai, ne va jusque là que sous la protection d’un mythe, comme l’a montré M. Cousin (Nouv. fragm. philosophiques, Examen d’un passage du Ménon, p. 198, 1re édit.), et cette condition de la réminiscence n’est pas indispensable à la théorie même des Idées, représentant dans leur admirable hiérarchie l’ordre divin des choses. Mais ceci même prouve que Platon n’hésite pas le moins du monde : Non, la sensation,