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eux. La connaissance des principes est tout autre que la science donnée par la conclusion ; car cette science dérive des principes, et les principes ne dérivent pas d’elle. Mais comment les principes viennent-ils de la sensation ? Aristote répond à ceci par une comparaison, lui qui d’ordinaire s’en défend avec tant de soin, et qui proscrit rigoureusement la métaphore dont il trouvait peut-être que son maître avait abusé. « Ce qui se passe dans l’entendement, selon lui, ressemble beaucoup à ce qui se passe dans la déroute d’une armée. Si, au milieu du désordre, un fuyard s’arrête, un autre s’arrête aussi, puis un troisième, puis encore d’autres à la suite, et bientôt les rangs se reforment, et l’ordre entier de la bataille se rétablit. » De même dans l’entendement, une première sensation venue d’un individu quelconque y laisse une trace ; c’est un premier coup d’arrêt ; une seconde sensation, toute pareille à la première, y laisse une trace analogue, plus marquée sans doute ; puis une troisième, puis une quatrième ; et ces marques toujours identiques, puisqu’elles viennent toujours d’individus qui spécifiquement n’offrent pas la moindre différence, forment enfin dans l’entendement la notion universelle, c’est-à-dire, un principe. Le procédé de l’entendement est dans ce cas ce qu’on