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Descartes. Voilà donc dans la doctrine de l’universel, telle qu’Aristote l’a comprise, une très-grave omission, et l’on verra bientôt comment l’esprit humain a essayé de la combler, en reprenant les indications de l’école socratique et platonicienne. Mais Aristote pourrait jusqu’à un certain point, renvoyer cette portion de la théorie à l’art, qu’il n’a point traité dans toute son étendue, et relever peut-être par cette haute fonction la Dialectique qui, comme il le proclame lui-même, « investigatrice de sa nature, nous ouvre la route vers les principes des sciences. » (Topiques, liv. 1, ch. 2, § 6), et « est commune à toutes les sciences sans exception. » (Derniers Analytiques, liv. 1, ch. 11, § 6). Il pourrait jusqu’à un certain point, dans le domaine de la logique pure, répudier une question qui en sort et qui l’excède. Mais dans cette partie de la théorie de l’universel qu’il a cru devoir traiter, est-il à l’abri de toute critique ? a-t-il vu la vérité, comme dans le reste de l’Organon ? Voilà ce qu’on peut justement lui demander.

Ici, la pensée d’Aristote revêt une forme indécise, comme il arrive à toute pensée obscure et trop peu arrêtée. Les principes viennent de la sensation, et c’est l’induction qui les transmet à l’entendement, lequel est seul en relation avec