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le séparer. Qui jamais a ouï parler de jugements problématiques, assertoriques, apodictiques ? On ne voit pas pourquoi Kant n’en aurait pas énuméré bien d’autres encore. Sa fécondité n’était pas épuisée, et il est difficile de dire pourquoi elle s’est arrêtée dans de si étroites limites. Créer des distinctions verbales ne lui coûtait en rien ; il aurait pu les multiplier bien davantage encore, sauf à ne décrire qu’un pays chimérique, et à faire le roman de la raison pure, au lien d’en faire la véritable histoire. Kant, se jetant, ou croyant se jeter en dehors de tout empirisme, ne pouvait que marcher à des abîmes ; et sa table des catégories, la seule partie de son grand ouvrage dont nous ayons à nous occuper, ne semble qu’une longue erreur, témoignage d’une rare puissance d’esprit, d’un esprit bien sûr de lui-même, mais bien peu sûr des matériaux qu’il emploie, ne cherchant ni d’où ils viennent, ni ce qu’ils valent. La Critique de la raison pure est certainement une grande tentative, quoique après soixante ans à peine, il en reste aujourd’hui bien peu de chose. On essaiera plus loin de l’apprécier dans sa pensée générale. Mais en ce qui concerne les catégories, il faut dire qu’elles sont aussi loin de celles d’Aristote que l’imagination l’est de la réalité. Les catégories de Kant