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dire Kant, lorsqu’il affirme que ces modes appartiennent à la sensibilité ? Est-ce à la sensibilité pure, telle que lui-même la comprend quand il affirme que l’espace et le temps sont les formes pures de l’intuition sensible ? Mais c’est là de la doctrine kantienne, et jusqu’à ce qu’on ait prouvé qu’Aristote ne cherchait que les purs concepts de l’entendement, on ne peut pas lui reprocher de faire entrer dans sa liste des catégories, des données sensibles, des données d’observation, les seules, sans contredit, sur lesquelles il ait eu dessein de construire son système.

« On y trouve aussi, poursuit Kant, un mode empirique, Motus. » Le mouvement, mode empirique suivant Kant, ne fait pas exception ; tous les autres modes sont également empiriques pour Aristote. De plus, le mouvement est un post-prédicament, comme Priùs et Simùl, et n’est pas plus qu’eux compris dans les catégories. Aristote fait si peu du mouvement une catégorie à part, qu’il prétend au contraire que le mouvement s’applique aux catégories. C’est ce que Kant aurait pu conclure d’abord, de la place donnée au mouvement dans l’ouvrage même d’Aristote ; c’est ce qu’il aurait pu voir, formellement exprimé plus d’une fois, dans la Physique et dans la Métaphysique.

Kant ajoute : « Tous ces modes évidemment