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bien confondre ses Idées de la raison pure avec les Idées de Platon, parce qu’il emprunte à Platon le terme d’Idées, non moins célèbre que celui de Catégories.

Kant ajoute que « c’était un dessein digne d’un aussi grand homme qu’Aristote de rechercher tous les concepts fondamentaux. » Et bien qu’Aristote n’ait jamais parlé de ce que Kant a nommé des concepts, Kant va le juger comme si Aristote était un de ses disciples, infidèle ou trop peu intelligent. « Aristote, dit-il avec une sévérité par trop magistrale, n’était guidé par aucun principe. » Entendez, par aucun des principes qui ont guidé l’auteur de la Raison pure. « Il prit les concepts comme ils se présentaient à son esprit. » Il serait curieux que Kant nous dît comment il a pris les siens, lui qui prétend ne pas les emprunter à l’observation empirique, et qui en fait une déduction purement transcendentale. Aristote a si peu pris les concepts comme ils se présentaient à son esprit, c’est-à-dire, confusément et pêle-mêle, qu’il leur a donné un ordre ; et que, sans le moindre doute, la catégorie qu’il a placée la première, est en effet la première pour tout système qui ne se laisse point emporter aux chimères de la plus vide abstraction. « Il en rassembla d’abord dix qu’il appela catégories