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berg ce qu’il voulait faire. On a pu même douter quelquefois du véritable objet des Catégories, parce qu’il ne l’a point assez nettement indiqué ; mais cependant il dit en propres termes, dans la phrase qui résume la pensée générale de tout ce traité : « Les mots, quand on les prend isolément et sans combinaison entre eux, ne peuvent exprimer qu’une des dix choses suivantes : la substance, la quantité, etc. » Rechercher les significations les plus générales des mots dans leur rapport avec les choses, est-ce le but de Kant ? Les concepts purs de l’entendement, les formes nécessaires des jugements se confondent-elles avec les mots qui forment ces jugements, avec les choses que ce mots représentent ? Kant ne l’accorderait pas certainement ; son dessein est tout autre, en dépit de ses protestations. D’où vient donc qu’il a pu s’y tromper ? c’est l’expression de catégories qui a fait ici toute son illusion. Il emprunte ce terme fameux à la langue péripatéticienne par une de ces « analogies de l’expérience », comme il dit lui-même, auxquelles les meilleurs esprits se laissent parfois aller. Les Catégories d’Aristote sont de la logique : celles de Kant se rapportent aussi à la logique : donc, elles sont toutes pareilles, du moins par le but qu’elles se proposent. Kant aurait pu tout aussi