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servation et d’expérience que son Histoire naturelle, sa Météorologie ou sa Politique. Bâcon est aveuglé par la haine : il est évident qu’il n’a pas compris ce qu’il attaque si faussement, et qu’il se rappelle tout au plus ce que l’école nommait l’arbre de Porphyre, dont Aristote certainement n’est pas coupable.

Kant, grand admirateur d’Aristote, n’est pas trompé par sa haine, mais il l’est par son propre système. Il a conçu les catégories tout autrement qu’Aristote ; il ne les a point prises pour les classes les plus générales des mots, et des choses représentées par les mots ; il en a fait les formes de l’entendement pur, les cadres dans lesquels les choses doivent venir se mouler pour être intelligibles. C’est un point de vue tout différent, et c’est en se plaçant ainsi au centre de l’intelligence toute seule, que Kant a prétendu juger une théorie qui n’a considéré que les mots, et les choses au travers des mots et des idées. Aussi son jugement sur les Catégories d’Aristote renferme-t-il presque autant d’erreurs que de pensées.

Kant commence par déclarer que « le but d’Aristote était le même que le sien, malgré toutes les différences que présente l’exécution. » Il n’en est absolument rien. Aristote n’a pas dit aussi longuement que le philosophe de Kœnigs-