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Que dire maintenant de Bâcon, qui prétend que « Aristote a voulu bâtir un monde avec ses Catégories, que de ses Catégories il a voulu faire sortir le monde » ; et qui s’écrie, tout en se défendant de faire justice par la plaisanterie d’un homme investi, suivant lui, de la dictature en philosophie : « Quelle importance y a-t-il à ce qu’on ait posé comme principes des choses, la substance, la qualité et la relation ? » (Nov. Organ., liv. 1, ax. 63, et Pensées et vues sur l’interprétation de la nature, XIII.) Que dire de Bâcon, qui ajoute que « Aristote impose à la nature même ses opinions comme autant de lois, et qu’il est plus jaloux en toutes questions d’imaginer des moyens pour n’être jamais court, et alléguer toujours quelque chose de positif, du moins en paroles, que de pénétrer dans la nature intime des choses et saisir la vérité ? » Que dire enfin de Bâcon quand il avance qu’Aristote n’a jamais consulté l’expérience pas plus pour sa dialectique que pour son Histoire des animaux, et que « au contraire, après avoir rendu arbitrairement ses décrets, il tord l’expérience, la gauchit sur ses opinions et l’en rend esclave ? » Aristote a si peu voulu faire le monde avec ses Catégories, qu’il a fait au contraire ses Catégories avec le monde : et sa logique n’est pas moins une œuvre d’ob-