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n’auraient point eues sans elle au même degré. Elle avait habitué les esprits aux plus durs labeurs, et les avait fortifiés par les pénibles exercices de l’école. Mais ce ne fut pas elle qui les inspira ; ce ne fut pas même elle qui donna le signal de leur véritable réveil. Après les avoir jadis soutenus, quand ils étaient languissants et faibles, elle devint bientôt un embarras et un obstacle, quand ils furent plus robustes ; et elle fut répudiée par le peuple même qui jadis en avait fait la première et la plus grande des études. Chose remarquable ! les progrès de l’intelligence parurent en proportion de l’abandon où la logique était tombée : et le discrédit que des génies comme Descartes et Pascal avaient jeté sur elle, et que le siècle suivant avait sanctionné par le ridicule, n’est pas même aujourd’hui passé. L’esprit contemporain n’a point encore hautement appelé de cet injuste arrêt, qu’il ne regarde pas cependant comme définitif.

La logique qui n’a point provoqué les progrès de l’esprit grec, et qui ne l’a point sauvé de sa ruine, qui entravait l’esprit moderne après l’avoir aidé, est maintenant une science presque morte ; et les tentatives faites pour la relever ne sont encore ni générales ni très-puissantes. L’esprit de notre temps, tout aussi bien que celui des deux