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en analysant avec exactitude tout ce qu’il est possible d’en dire en tant qu’être, on aura les classes les plus générales des mots, les catégories, ou pour prendre le terme français, les attributions, qu’il est possible de lui appliquer. Voilà tout le fondement des catégories, et l’on peut ajouter que tout autre est ruineux, comme l’a bien fait voir la grande et infructueuse tentative de Kant. Il y a bien ici quelques traces de métaphysique ; mais c’est qu’il est impossible qu’il n’y en ait pas. Les mots ne sont pas tous d’espèce identique : les nuances essentielles que l’analyse y distingue ont bien une cause, et cette cause n’est autre que la différence même des choses que les mots représentent. Il faut donc, même pour construire la logique pure, aller jusqu’à cette partie de l’ontologie sans laquelle la logique elle-même ne serait pas ; et c’est là ce qui fait qu’Aristote ne place pas seulement les catégories en tête de l’Organon, mais qu’il les retrouve et les discute encore dans la Métaphysique, dans la Philosophie première ou science de l’être. Ce n’est pas, du reste, une classification des choses à la manière de celles de l’histoire naturelle, qu’il s’agit de faire en logique : c’est une simple énumération de tous les points de vue, d’où l’esprit peut considérer les choses, non pas, il est vrai, par rapport à l’esprit