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naison, ne peuvent que représenter les choses : ils ne les affirment point ; ils ne les nient point : car c’est l’objet de la proposition. Mais il est évident qu’en classant les mots, on classe aussi les choses, par la liaison indissoluble qui unit les uns aux autres. L’esprit de l’homme a beau faire, c’est de la réalité qu’il part, même pour s’élever au-dessus d’elle, et pour la comprendre, avec toutes les facultés dont il est doué. Les commentateurs grecs, dont les discussions sur ce point ont été aussi longues qu’exactes, se sont accordés à le reconnaître. Oui, ce sont les mots dont il s’agit dans ce traité ; mais il s’occupe par là même des choses ; et la classification des choses serait fausse si celle des mots l’était d’abord.

Mais comment classer les mots ? Ils ne sont guère moins nombreux que les choses, et l’on court grand risque de se perdre dans ce dédale, si l’on n’a tout d’abord un fil pour s’y retrouver. C’est à la réalité seule qu’il faut le demander, à la réalité, qui est le modèle dont le langage n’est que le reflet, dont les mots ne sont que le symbole. Que nous présente la réalité ? Des individus, rien que des individus, existant par eux-mêmes, et se groupant, par leurs ressemblances et leurs différences, sous des espèces et sous des genres. Ainsi donc, en étudiant l’individu, l’être individuel, et