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raisonnement. Dans la réalité, c’est le raisonnement qui est la chose importante : les mots n’en sont que les matériaux, et la pensée le plus souvent ne s’y arrête point.

Quel est donc le vrai caractère des Catégories, et doit-on les renvoyer à la métaphysique ? Il doit être hors de doute que retrancher les Catégories sous ce prétexte ou sous un autre, c’est mutiler non pas seulement l’Organon, mais encore la logique. On ne le peut sans péril pour la science et la vérité, malgré ce qu’en ont pensé d’excellents esprits comme Vivès et Tennemann, et de nos jours, MM. Ritter et Hamilton. Les Catégories d’Aristote ont à toutes les époques joué un rôle considérable. Elles ont eu un grand renom, et saint Augustin raconte, dans ses Confessions, la naïve admiration qu’il avait d’abord conçue pour ce livre, dont ses maîtres lui parlaient avec tant d’ostentation et de pompe. Port-Royal témoigne qu’au XVIIe siècle encore, cette doctrine était entourée d’une sorte de mystère ; et aujourd’hui même, le mot de catégories a quelque chose d’obscur et de grave, que Kant n’a pas peu contribué à augmenter par les difficultés de sa propre théorie. Au fond, rien de plus simple et par cela même, rien de plus grand que les Catégories d’Aristote. Les mots pris isolément, sans combi-