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puisque leur œuvre n’a point été à refaire. L’humanité n’est point restée sourde à l’appel du philosophe. Elle n’a pas eu seulement de l’indulgence pour son œuvre, elle n’a pas eu seulement de la reconnaissance pour lui ; elle a eu cette admiration que vingt siècles n’ont pas fatiguée et que les siècles ne fatigueront pas. Ce n’est pas faire trop pour le père de la logique.

On peut voir maintenant d’un coup d’œil quelle a été l’entreprise entière d’Aristote. Son but, c’est de faire la théorie de la démonstration ; et c’est pour atteindre cette fin dernière, qu’il analyse tous les éléments qui entrent dans la démonstration. Il ne s’arrête qu’aux éléments indécomposables, parce qu’il est impossible d’aller au delà. Il est donc également clair qu’on peut de la démonstration descendre aux catégories, ou des catégories remonter à la démonstration. Cette dernière voie est celle qu’a prise Aristote ; et, pour l’exposition de la doctrine, c’est en effet la plus aisée, et par cela même la plus instructive. Rationnellement, on pourrait tout aussi bien partir de la fin, c’est-à-dire, de la démonstration, seul objet que dans sa spontanéité l’esprit humain réalise, et qu’il exprime sans cesse par le langage d’une manière plus ou moins parfaite. C’est l’abstraction seule qui donne les mots avant le