Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donna des qualités puissantes qu’il ne perdra plus, qui font, en partie, sa grandeur, et dont il a peut-être oublié, dans son ingratitude, l’origine reculée. Mais si la logique a fait la Scholastique, berceau de l’intelligence moderne, si longtemps elle fut exclusivement cultivée par le moyen âge, mahométan ou chrétien, il n’en faut pas conclure que la logique toute seule ait donné aux esprits cette impulsion que les quatre derniers siècles ont vue grandir, et qui s’accroît tous les jours sous nos yeux. À côté de la logique, au-dessus d’elle, il y avait, d’abord, cette énergie naturelle de l’esprit humain qui ne s’arrête jamais ; puis, une grande religion qui n’était pas faite pour ralentir sa marche ; et enfin, cette antiquité tout entière, dont la logique n’était qu’une faible portion, et qui, par ses chefs-d’œuvre mieux connus, vint après quatorze cents ans rendre à la pensée son véritable essor, comme elle lui apportait aussi le véritable goût. Qu’on ne se méprenne point sur les services que la logique, par les mains de la Scholastique, toute française et toute parisienne, a rendus à l’Europe. Qu’on ne dénature point ces services en les exagérant. Elle imprima certainement à la science moderne, et à toutes les langues dont elle se sert, une sévérité d’exposition, une précision, une justesse qu’elles