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c’est bien Dieu seul qui lui apprend à raisonner ; mais c’est Aristote qui seul lui apprend comment il raisonne. C’en est assez pour la gloire humaine, et il a été bien rare d’en acquérir une qui valût celle-là.

Aristote n’a pas montré seulement que le syllogisme était la forme vraie, la forme nécessaire du raisonnement ; il a parcouru toutes les espèces de raisonnements ordinaires, une à une, et il a prouvé qu’elles se réduisaient toutes sans exception au syllogisme. C’était un complément indispensable de sa théorie ; il n’a pas manqué de le lui donner. L’induction elle-même a été ramenée à la forme syllogistique ; car Aristote a connu l’induction, ce dont pourrait faire douter la gloire revendiquée si souvent pour Bâcon d’être venu substituer l’induction au syllogisme, parce qu’elle n’est elle-même qu’un syllogisme d’un certain genre. De plus, elle n’était point à découvrir au temps de Bâcon. Le philosophe grec l’avait admirablement pratiquée ; car tous les hommes la pratiquent spontanément ; et ses œuvres d’histoire naturelle, de politique, de météorologie, de logique même, l’attestaient assez. Mais, en outre, seul parmi tous les philosophes, il l’avait définie, étudiée, dans ce qu’elle a d’es-