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seignée à tous les hommes éclairés, avait bien pu donner dès lors aux formes de la science plus de rigueur et plus de rectitude. Mais le mouvement commencé sans elle se poursuivait sans elle : et elle fut impuissante à le ranimer quand il s’éteignit. Elle n’avait été qu’une science de plus, ajoutée à toutes les autres, plus générale qu’aucune d’elles, à certains égards les comprenant toutes, mais enfin ne donnant à aucune, ni la vie qu’elle-même perdait, ni des directions dont ces sciences s’étaient toujours passées, et dont elles se passaient bien mieux encore dans leur agonie.

Dans l’Inde et chez les Arabes, la logique, indigène et parfaitement originale, ou de simple importation étrangère, a joué le même rôle absolument que chez les Grecs.

Il est vrai que si, dans le monde ancien, elle n’exerça point d’influence décisive sur la marche et la fécondité des esprits, ce fut elle qui, dans le monde héritier et vainqueur de l’antiquité, entretint une apparence de vie. Sauvée, seule à peu près du grand naufrage, ce fut elle qui conserva les traditions de l’intelligence, et qui, plusieurs siècles durant, suffit à satisfaire presque tous ses besoins. Elle soumit l’esprit nouveau à une longue et rude discipline, par les discussions les plus délicates et les plus subtiles. Elle lui