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conclure ? Ou bien n’existe-t-il qu’un nombre limité de formes concluantes ? Aristote, d’après l’observation la plus scrupuleuse, et par une analyse achevée, a trouvé que le nombre de ces formes s’élevait à quatorze ; et ces quatorze modes de raisonnements syllogistiques, les seuls qu’emploie et que puisse employer la pensée quand elle est régulière, il les a divisés en trois figures, qu’il a classées suivant l’ordre de leur importance, c’est-à-dire, de leur clarté, par la position du terme moyen. Voilà le cercle infranchissable du raisonnement ; voilà les limites que Dieu lui impose ; voilà le code auquel il est soumis, et qu’il observe à son insu. Ce n’est pas Aristote qui l’a fait, c’est lui seulement qui a eu la sagacité de le découvrir. « Si le syllogisme est nécessaire, fait dire Leibnitz, d’après Locke, à l’un des interlocuteurs de ses Nouveaux Essais, personne ne connaissait quoi que ce soit par raison avant son invention, et il faudrait croire que Dieu ayant fait de l’homme une créature à deux jambes, a laissé à Aristote le soin d’en faire un animal raisonnable, je veux dire ce petit nombre d’hommes qu’il pourrait engager à examiner les fondements du syllogisme. » Non, sans doute, peut-on répondre à Locke, ce n’est pas Aristote qui a fait l’homme raisonnable ;