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profondeurs les plus retirées ? Il faut donc bannir le syllogisme ordinaire de la logique pure, en d’autres termes, la détruire, si l’on prétend lui arracher aussi la démonstration. Ou, pour mieux faire, il faut lui laisser la démonstration, tout comme on lui laisse le syllogisme. Aristote n’a pas eu tort de comprendre la démonstration dans la logique : les Derniers Analytiques ne sont point une longue méprise. Ils sont venus donner aux mathématiques, à toutes les sciences rationnelles, l’explication de leur procédé général et infaillible ; et la théorie a été si bien faite, qu’elle est encore aujourd’hui pour nous, non pas seulement une théorie exacte, mais la théorie unique. Personne depuis deux mille ans, et même en s’appuyant des admirables progrès qu’ont faits les sciences rationnelles depuis deux siècles, n’a tenté de la refaire. C’est que la doctrine du nécessaire avait revêtu elle-même, et du premier coup, ce caractère d’inflexible rigueur qui la fait participer à l’immutabilité même de son objet. Laissons donc cette gloire tout entière au seul Aristote, puisque personne n’a pu la lui disputer.

Le syllogisme ne lui appartient pas moins ; et l’on ne peut que répéter avec Leibnitz : « L’invention de la forme des syllogismes est une des plus belles de l’esprit humain, et même des