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saire d’une manière tout abstraite et toute générale, on ne voit guère comment il est possible de laisser à cette logique, même la théorie du syllogisme ordinaire. Le syllogisme pur, tel qu’on semble l’entendre, est une véritable chimère. Sans doute, il est absolument indifférent à la vérité comme à l’erreur ; mais l’esprit humain l’est si peu à ce grand intérêt, que jusque dans le syllogisme, aussi dégagé de toute réalité que l’abstraction la plus haute peut le faire, il recherche encore précisément la même chose que dans la démonstration. Si les lois du syllogisme n’étaient pas nécessaires, si les prémisses posées, la conclusion n’en sortait pas avec un caractère de nécessité, l’esprit humain, soyons-en sûrs, s’en occuperait fort peu. Ce ne serait là qu’une sorte de curiosité tout à fait indigne de lui. Et c’est précisément parce que les lois du syllogisme sont nécessaires, que la philosophie sut y consacrer cette longue et pénible investigation, qui n’est pas près de cesser. Si c’est le nécessaire que poursuit l’intelligence dans les règles même du syllogisme, pourquoi lui serait-il interdit de pousser jusqu’au bout, et de rechercher dans une suprême théorie les conditions de ce nécessaire, qu’elle ne retrouve pas seulement dans le monde extérieur, mais qu’elle découvre en elle-même et dans ses