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qu’au fond l’esprit de l’homme poursuive, bien qu’elle ne soit pas toujours celle qu’il atteigne ou qu’il rencontre. La démonstration est l’espèce achevée, parfaite ; les autres ne sont qu’inférieures et insuffisantes. Elle est la forme du vrai ; il faut que la science, sous peine de rester en route, pousse jusque-là. La logique ne fournit aucune vérité particulière, et c’est en cela que la matière de la pensée ne fait pas partie de son domaine. Mais les formes de la pensée vraie, irréfutable, éternelle, n’a-t-elle pas le devoir de les connaître et de les étudier ? Ne sont-ce pas là des lois formelles de la pensée ? La démonstration, toute pure, sans aucune application spéciale, même du genre de celles que font les mathématiques, à qui appartient-il d’en faire la théorie ? À la logique apparemment, et à la logique pure, puisque dans la démonstration ainsi étudiée, il ne se glisse aucun être, aucune matière, et qu’elle n’est qu’un cadre vide dans lequel l’expérience viendra plus tard faire entrer ses données. Quoi ! parce que la démonstration aurait pour unique but « le nécessaire, elle sortirait des limites d’une science formelle ! » Qu’on se prononce alors : l’esprit humain atteint-il, oui ou non, jusqu’au nécessaire ? Se borne-t-il au contingent, ou pour mieux dire, à l’indéterminé tout seul ?