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une coalition d’esclaves, qu’un vrai consentement ; que, d’ailleurs, quand ce prétendu consentement serait aussi réel et aussi universel qu’on le dit, tant s’en faut qu’une telle unanimité doive être tenue pour une véritable et solide autorité, qu’au contraire, elle fait naître une violente présomption en faveur du sentiment opposé ; et que, dans les choses intellectuelles, c’est de tous les signes le plus suspect. » (Novum Organum, liv. i, ax. 77). Ne partageons pas ce superbe mépris pour les opinions humaines. La gloire ne se trompe pas jusqu’à ce point, et laissons à Bâcon le triste honneur, envié peut-être aussi, et bien à tort, par quelques-uns des sages philosophes de l’Écosse, d’être seul de son avis. Jugeons Aristote avec indépendance ; mais avant tout, et pour l’humanité elle-même, jugeons-le avec respect.

Reconnaissons d’abord qu’il a creusé le plus profond intervalle entre la science proprement dite et l’art. La théorie du probable, la Dialectique a été reléguée par lui à un rang si bas, qu’on a pu le croire injuste envers elle, et qu’il l’a traitée peut-être avec le dédain qu’il devait réserver pour la Sophistique. Il s’en est occupé cependant avec la plus longue et la plus minutieuse attention ; et si la Topique n’est plus à