Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portent unanimement ses cautions et ses appuis. Pour ne parler que des plus grands, Théophraste, Alexandre d’Aphrodise, Galien, chez les anciens ; saint Augustin, Boëce, Alcuin, Abeilard, Albert-le-Grand, saint Thomas, dans le sein de l’Église ; Avicenne, Algazel, Averroës, chez les Arabes ; Duns Scot, Occam, au XIVe siècle ; Érasme, Mélanchthon, Zabarella, à la Renaissance, avec les colléges des Jésuites de Coïmbre et de Louvain ; au XVIIe siècle, Port-Royal, Bossuet, Leibnitz ; au XVIIIe siècle, Euler et Kant ; de nos jours enfin, Hégel, pour ne rappeler que ce seul nom. Juger Aristote, ce n’est pas moins que juger l’esprit humain, non pas seulement dans l’un de ses représentants les plus éminents, mais en lui-même ; car c’est tout le passé de l’esprit humain qu’avec Aristote nous faisons comparaître devant nous. Il n’y a guère que l’outrecuidance de Bâcon qui puisse soutenir « que ce consentement unanime, qui en impose à la première vue, n’est qu’un signe trompeur ; que cette multitude d’hommes qui semblent être tous du même sentiment sur la logique et la philosophie d’Aristote, ne s’accordent ainsi que par l’effet d’un même préjugé, et d’une même déférence pour une autorité qui les subjugue tous ; que c’est plutôt un assujettissement commun,