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cieuses seulement à une aveugle superstition ? Poser des questions de ce genre, c’est, pour ainsi dire, les résoudre. Je me sens presque de la peine, je l’avoue, à les accepter, à les discuter sous cette forme. L’indépendance de l’esprit est une noble chose sans doute, mais elle doit avoir ses bornes. On peut bien citer devant soi les plus grands noms ; on peut juger les plus grandes œuvres, et, si la vérité l’exige, les faire descendre du piédestal où une admiration fanatique les avait injustement placées. Mais quand on s’adresse à des génies tels qu’Aristote, on doit tout d’abord se rappeler cette maxime de l’un de ses adversaires les plus graves au début du XVIe siècle, de Louis Vivès, et dire avec lui : « Verecundè ab Aristotele dissentio. » Prenons bien garde à ce que doit être aujourd’hui une critique de l’Organon, pour des juges qu’ont pu instruire l’histoire de l’esprit humain et l’histoire de la philosophie. Aristote ne comparaît pas tout seul ; et quand nous l’appelons à notre tribunal, n’oublions pas qu’il y arrive accompagné des plus illustres, des plus nombreux défenseurs. Vingt-deux siècles viennent déposer pour lui. L’antiquité et le moyen-âge, les religions les plus opposées, les nations les plus ennemies, les temps les plus différents, les esprits les plus divers, se