Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

née, l’esprit humain avait produit, par sa seule puissance, sans erreur quoique sans guide, quelques-uns des plus solides monuments dont son juste orgueil puisse se vanter.

Les formules de la logique une fois connues, en quoi ont-elles servi le développement de l’intelligence ? Aristote a tracé les lois de la pensée, comme il a tracé les principes de la politique, ceux de la morale, ceux de la rhétorique et de la poétique, ceux de l’histoire naturelle, ceux de la physique et de la météorologie, ceux enfin de la métaphysique. Mais nous ne voyons pas que cette science des lois de la raison, ait influé de longtemps sur les progrès de la raison même. Doté de la logique, le génie grec a fourni sa carrière à peu près comme si la logique n’existait pas. Il a poursuivi la route commencée, approfondi les principes découvertes : il en a trouvé de nouveaux. Il a continué de prodiguer au monde tous les trésors qu’il recélait. Et la logique, qui ne lui avait point donné naissance, ne l’empêcha pas de mourir, quand le germe qui lui était propre eut porté tous ses fruits, et que, mille ans après Socrate, un germe plus beau fut venu définitivement l’étouffer en le remplaçant. La logique, assise sur d’inébranlables bases, cultivée, accrue par les écoles les plus diverses, en-