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ce qui est, et que l’esprit de l’homme admet le faux quoiqu’il ne recherche que le vrai. L’étude de la logique est utile comme toute étude profonde et sérieuse : elle féconde d’autant plus l’esprit, qu’elle le rappelle à lui-même et concentre ses forces. À côté d’elle, mais infiniment au-dessous, il existe un art qu’elle doit essayer de discipliner, mais qu’elle ne fait pas, et que la nature apprend à l’homme bien mieux encore que ses leçons. À côté d’elle, et même au-dessus, il existe peut-être une méthode à laquelle elle-même obéit ; et cette méthode, tirée du fond de la conscience psychologique, de la vie réelle de l’esprit, est la seule qui mène à la source cachée, mais certaine, de tous les actes de la pensée.

Si la logique est bien ce que nous venons de dire, rapportons à cette mesure l’œuvre d’Aristote, et jugeons-la sur l’idéal de la science. En quoi la doctrine de l’Organon est-elle vraie ? en quoi est-elle fausse ? Est-ce bien de la logique pure qu’a fait Aristote, ou n’est-ce que de la logique appliquée, ainsi qu’on le lui reproche ? Aristote a-t-il fondé la science comme nous lui en faisons gloire, comme il s’en vante lui-même ? Ou bien cette immense construction, révérée par les siècles, n’est-elle qu’un amas de ruines, pré-