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pas se substituer à elle, malgré ce qu’en ont dit de sages et audacieux génies. À côté de la méthode, la science n’en demeure pas moins, avec le caractère qui lui est propre, restreinte dans les limites infranchissables où Aristote l’a renfermée. Ainsi faite, ce n’est pas tout ce que réclame l’intelligence humaine, sans doute. Que la méthode comble donc ses vœux, autant du moins qu’ils peuvent être comblés. La méthode et la logique s’excluent si peu, qu’elles se complètent l’une par l’autre. Aristote et Descartes peuvent faire une solide alliance ; Socrate et Platon en ont posé les premières bases. Mais cette alliance n’est pas encore cimentée, toute désirable, toute possible qu’elle est.

La logique est donc, pour résumer tout ce qui précède, une science, et non point un art ; elle est une théorie, et non point une pratique. L’objet qu’elle étudie, c’est la démonstration, c’est-à-dire, la forme la plus achevée, la forme parfaite du raisonnement. Elle étudie cet objet rationnellement, tout en puisant ses éléments dans le langage, imitation et symbole, comme dit Aristote, de la parole intérieure de l’âme. Elle ne peut pas conduire l’homme à la vérité d’une manière infaillible, parce qu’elle observe à titre de science