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pondre à de pareils vœux : elle ne les écoute jamais sans courir le risque de s’égarer elle-même. Et c’est précisément parce que la psychologie se joignant à elle lui aide à mieux connaître « cet abîme sans fond, comme dirait Bossuet, et ce secret impénétrable du cœur de l’homme » qu’elle respecte ce mystère de notre nature, et qu’elle n’usurpe point ce pouvoir de vérité qui n’appartient qu’à Dieu. Tout ce qu’elle peut faire, et elle n’y a jamais manqué, c’est, à côté de la science, de tracer aussi les règles de l’art, tout insaisissable, tout spontané qu’il est. Aristote a fait suivre l’analytique de la dialectique, portion très-inférieure de la science. Il a essayé de fixer l’art comme il avait constitué la science. A-t-il complétement réussi ? La science telle qu’il l’a faite pour toujours, l’art tel qu’il l’ébaucha d’après les habitudes et les besoins de son temps, est-ce là de quoi pleinement satisfaire les légitimes désirs de l’esprit humain ? Non, et par delà l’Organon et la Dialectique, l’esprit humain peut encore demander une méthode plus générale qui, si elle ne lui donne pas le vrai qu’il poursuit, assure du moins à jamais le point de départ dont il doit s’élancer pour l’atteindre. Mais la méthode, comme les modernes l’ont conçue, peut bien précéder l’ancienne logique : elle ne peut