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Sans la logique, l’esprit de l’homme peut admirablement agir, admirablement raisonner ; mais sans elle, il ne se connaît pas tout entier : il ignore l’une de ses parties les plus belles et les plus fécondes. La logique la lui fait connaître. Voilà son utilité : elle ne peut pas en avoir d’autre.

Est-ce donc à dire que cette étude, si elle ne peut régler la pratique comme on l’a souvent cru, soit parfaitement stérile pour la pratique même ? Non certainement. Toute étude sérieuse, prolongée, pénible, a d’abord ce juste résultat qu’elle fortifie l’esprit qui s’y livre. C’est ce que le bon sens indique, et la rémunération de tout effort est aussi infaillible qu’elle est équitable. La logique serait-elle ici plus malheureuse que tout autre labeur de l’esprit ? Au contraire, il faut dire que par son objet même, par sa généralité tout indéterminée, elle est plus particulièrement capable de communiquer à l’esprit, des forces que rien ne fausse, parce que rien ne les spécialise, avantage que n’a pas toujours l’étude des mathématiques, par exemple. Il n’est pas possible que ce retour de l’esprit sur lui-même, cette patiente analyse, ne lui donne une vigueur que la moindre des applications de l’âme porte toujours avec elle. Il est impossible que l’esprit en recherchant par une investigation si profonde, comment il raisonne,