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moins. La logique ne domine pas les sciences, au sens où on l’a souvent prétendu. Ce n’est pas la logique qui a fait de Descartes et de Leibnitz, ses admirateurs, les deux grands génies que nous savons : ce n’est pas elle qui a fait Aristote, puisqu’il l’a fondée, pas plus qu’elle n’avait fait Socrate et Platon, Hippocrate et Pythagore.

Comment donc la logique est-elle utile ? Elle est utile, comme l’est toute science. Elle nous apprend, Aristote pourrait ici le répéter, ce qui est. Elle n’est obligée à rien de plus. Seulement, ce que nous apprend la logique, l’objet dont elle s’occupe, l’être étudié par elle à l’exclusion de tous les autres, c’est le plus important sans contredit, humainement parlant, que l’homme puisse étudier. C’est l’esprit de l’homme ; c’est le procédé nécessaire que suit sa raison dans tous ses actes réguliers et complets. La psychologie étudie bien aussi l’esprit de l’homme ; c’est même là son objet unique et tout à fait spécial : mais elle l’étudie dans les éléments primitifs qui le composent. La logique l’étudie dans l’une de ses modifications, et non plus en lui-même. Elle l’étudie non pas seulement en tant qu’il est, mais en tant qu’il raisonne ; non pas en soi, mais dans l’un de ses accidents, comme dirait le Péripatétisme, dans le plus grave et le plus ordinaire de tous.