Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les élans spontanés de l’inspiration ; bien plus elle domine les mouvements, même de l’obscur instinct.

Puisque la logique tient une si large place, il semble qu’il y aurait contradiction à soutenir qu’elle n’est point utile. Si c’est elle au fond qui fait la force de tous les raisonnements, qu’ils soient ou non exprimés par des signes sensibles ; si sans elle les mathématiques, les sciences, les arts même, ne sont que confusion et désordre inintelligible, il devrait s’ensuivre que l’étude de la logique est la plus haute et la plus urgente de toutes. Base et principe de tout ce que comprend et fait l’intelligence, pourquoi, si elle était connue, d’abord et par elle-même, ne donnerait-elle pas à la raison « cet art d’infaillibilité » que Leibnitz prétendait trouver en elle ? Pourquoi ne serait-elle pas cette mathématique universelle de Descartes et de Leibnitz, antérieure à toutes les autres sciences, supérieure à toutes, faite pour les gouverner, parce que seule elle serait digne de cette domination souveraine ? Il n’en est rien pourtant. La royauté décernée par les uns, souhaitée par les autres, n’est qu’un rêve. L’histoire nous l’a prouvé ; et l’expérience de chaque jour, qui n’est que la continuation et la préparation de l’histoire tout à la fois, ne nous le prouve pas