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faisant que la rhétorique, les sciences ou les mathématiques. La forme est de moins en moins austère : l’enveloppe qui recouvre la charpente logique devient de plus en plus vivante et gracieuse. Mais la logique n’en conserve pas moins ses droits ; et c’est elle qui, par son influence toute puissante quoique secrète, immortalise les chefs-d’œuvre en en faisant les modèles du goût.

Il ne serait pas difficile de prouver que, bien loin de ces développements sévères ou charmants de la pensée, les développements des beaux-arts proprement dits, et toutes les applications de la pratique même, ignorante ou éclairée, relèvent, elles aussi, de cette Reine des sciences et des arts, comme le disait jadis l’École dans sa naïve et très-profonde admiration. Leibnitz a très-bien remarqué « qu’on peut réduire à ce tissu de raisonnements toute argumentation même d’un orateur, mais décharnée et privée de ses ornements, et réduite à la forme logique. » Aristote était allé plus loin, et il n’avait pas hésité à voir dans chacune des actions de l’homme, ou même des animaux, comme la conclusion d’un syllogisme, dont l’intelligence et la sensibilité fourniraient les prémisses.

La logique domine donc, non-seulement les actes réfléchis de la raison, elle domine encore