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même ont obéi, comme la poésie, comme la politique, à une sorte d’inspiration qui n’a rien ôté à la certitude de leurs découvertes. Longtemps avant Aristote, la médecine avait trouvé les méthodes qui lui sont propres : elle avait déterminé ses principes, fixé le domaine qui lui appartient. Elle avait su, par des discussions étendues et régulières, fonder une doctrine qui est encore aujourd’hui la plus illustre et la plus vaste de toutes. Les mathématiques n’avaient pas fait moins de progrès que la médecine, l’éloquence et la poésie. Elles avaient déjà cette forme sévère qu’Euclide n’a point inventée : les théorèmes qu’elles possédaient étaient démontrés aussi rigoureusement qu’ils peuvent l’être aujourd’hui, sans qu’on sût rien alors de la théorie de la démonstration. Bien plus, au-dessus de tous ces développements inférieurs de l’intelligence, la philosophie, qui les domine tous en les résumant, avait fait ses plus sérieuses conquêtes. Sans parler de quelques philosophes de l’école d’Ionie, sans parler de l’école d’Élée ni de Pythagore, elle avait trouvé la vraie méthode avec Socrate, l’avait appliquée avec Platon ; et elle en avait tiré ces vérités immortelles et fécondes que rappellent ces deux grands noms.

Ainsi donc, avant que la science logique ne fût