Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’esprit, bien qu’il soit toujours présent à lui-même dans tout acte de connaissance, dans toute science par conséquent, s’abandonne à sa spontanéité, et ne revient qu’à grand’peine sur soi ; le dehors l’attire, la nature le séduit et le captive ; il n’aperçoit qu’elle, et se perd complétement de vue. Il faut qu’il disparaisse à ses propres yeux pour qu’il puisse voir autre chose. La psychologie détruirait la science particulière, de même que le regard, porté sur une seconde chose, nous enlève la vue de la première. D’autre part, la métaphysique ne peut pas subsister dans les sciences plus que la psychologie. La métaphysique s’occupe des lois universelles de l’être. La science ne s’occupe, elle, que d’un être particulier ; ce sont les principes spéciaux, les affections spéciales de cet être qui lui importent. Voilà donc ce qui fait que dans les sciences, la psychologie et la métaphysique se montrent à peine, ou, pour mieux dire, ne se montrent pas.

En est-il de même de la logique ? et peut-elle disparaître de la science aussi complétement que les deux autres ? La science peut-elle se passer de la forme, comme elle se passe de la réflexion, qui est sa cause, comme elle se passe de la métaphysique, qui est sa matière ? Non, sans doute. La science, sous peine de n’être plus science, doit