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peut être pure de toute application ; mais lui demander de répudier tout empirisme, c’est lui demander un tour de force, dont elle n’est pas plus capable que toute autre science. L’abstraction peut bien quelquefois aller jusqu’à ce point d’illusion, qu’elle oublie les éléments réels dont elle part ; mais c’est le philosophe qui commet cet erreur : la science n’y est pour rien. La logique peut donc se faire gloire, car c’en est une pour des juges prévenus, d’être une science d’observation. Le langage est un premier champ pour elle, et celui-là contient déjà tout. Mais elle en a de plus un autre, c’est-à-dire, cette parole intérieure de l’âme qui ne procède pas autrement que la parole du dehors, dont les opérations sont plus délicates sans doute, et surtout plus rapides, mais n’en sont pas moins toutes pareilles.

Pour observer ce discours du dedans, et mieux analyser celui du dehors, quel procédé la logique peut-elle suivre ? Il n’y en a qu’un seul, et c’est la réflexion. Voilà donc la logique qui entre dans le domaine de la psychologie, ou pour mieux dire, qui ne peut se faire sans psychologie. Mais ne craignons pas qu’elle perde par là rien de son originalité, et qu’au contact d’une autre science, elle dépouille sa propre nature. C’est la démonstration qu’elle doit construire : elle n’emprunte