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est mû par une sensation s’accroisse ou diminue, ni qu’il éprouve aucun des autres mouvements. Ainsi donc la modification est bien réellement un mouvement d’espèce différente de toutes les autres. Si elle n’était qu’un mouvement de même nature, il faudrait que sur-le-champ la chose modifiée s’accrût ou diminuât, ou éprouvât un des autres mouvements ; or, il n’en est rien. § 5[1]. Et de même, il faudrait que ce qui croît ou est affecté de tout autre mouvement fût aussi modifié ; mais il est des choses qui croissent sans être modifiées : par exemple, un quadrilatère, si on lui applique le gnomon, devient il est vrai plus grand, mais il n’est pas autre chose qu’un quadrilatère. Ceci peut être dit de toutes les choses du même genre, etc. Ainsi, tous ces mouvements sont différents les uns des autres.

§ 6[2]. D’une manière absolue, le repos est contraire au mouvement ; mais chaque mouvement spécial est contraire à un autre mouvement spécial : la destruction à la génération, le décroissement à l’accroissement ; le repos dans le lieu au déplacement dans le lieu. Le déplacement dans un lieu contraire, pourrait

  1. Si on lui applique le gnomon, Si l’on prolonge la diagonale d’un carré d’une quantité égale à elle-même, et qu’on abaisse de l’extrémité de ce prolongement des parallèles à chacun des côtés, la portion de figure ainsi ajoutée à la figure primitive est ce qu’on appelle un gnomon. On a formé ainsi un carré nouveau égal à quatre fois le premier carré. Le quadrilatère est donc accru, mais les parallèles mêmes n’ont fait que l’accroître sans changer sa figure : il est toujours quadrilatère, et carré, par exemple, s’il l’était d’abord. La dimension est changée : la forme n’est pas modifiée, altérée : elle n’est point autre. Albert donne deux explications du gnomon d’après Euclide et d’après Boèce.
  2. D’une manière absolue, En général, et sans poser aucune limitation à l’expression.