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ils seront faux tous les deux ; puisqu’en effet si Socrate n’existe pas du tout, il ne peut être vrai, ni qu’il soit malade, ni qu’il soit bien portant. § 24[1]. Dans les choses de privation et de possession, quand l’objet n’existe pas, aucun des deux contraires n’est vrai ; et quand l’objet existe, il ne s’ensuit pas toujours que l’un soit vrai et l’autre faux. Ainsi, Socrate y voit, Socrate est aveugle, sont deux propositions opposées comme possession et privation. En admettant que Socrate existe, il n’est pas nécessaire encore que l’un des deux soit vrai ou faux, puisque si le moment naturel de la possession n’est pas encore venu, tous deux sont faux ; et si Socrate n’existe pas du tout, les deux assertions sont également fausses, qu’il est aveugle ou qu’il y voit. § 25[2]. Au contraire, pour la négation et l’affirmation, que l’objet existe ou n’existe pas, il faut que l’une soit fausse et l’autre vraie. Soit par exemple, l’affirmation : Socrate est malade, et la négation : Socrate n’est pas malade ; si Socrate existe, il faut nécessairement que l’une soit vraie et l’autre fausse et il en est encore de même s’il n’existe pas : s’il n’existe pas, être malade est faux, n’être pas malade est vrai. § 26. Ainsi donc, les choses qui sont opposées, comme négation et affirmation, ont seules cette propriété spéciale que l’une des deux doit toujours être fausse ou vraie.

  1. Dans les choses de privation et de possession, Après les contraires exprimés par des mots combinés, formant une proposition, il examine de même les opposés par privation ou possession exprimés aussi dans une proposition en forme.
  2. Ainsi donc. Propriété spéciale des opposés par négatifs et affirmation, et qui les distingue de tous les autres.