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énoncées par privation et possession ne sont pas opposées entre elles comme le sont les contraires. D’abord, pour les contraires entre lesquels il n’existe pas de termes moyens, il est toujours nécessaire que l’un des deux existe dans les choses où il est placé par nature, ou bien dans celles auxquelles on l’attribue ; et l’on se rappelle qu’il n’y a point d’intermédiaires pour les contraires dont l’un des deux doit nécessairement se trouver dans le sujet qui les reçoit. L’on a cité pour exemple la maladie et la santé, le pair et l’impair. On sait encore que, pour les contraires qui ont des intermédiaires, il n’y a pas nécessité que l’un ou l’autre soit dans tout le sujet : par exemple, il n’est pas nécessaire que tout sujet susceptible de blanc et de noir soit blanc ou noir, non plus que chaud ou froid. Rien en effet, ne s’oppose à ce qu’il n’y ait ici des intermédiaires. Souvenons-nous, de plus, qu’il y a des intermédiaires entre les contraires dont l’un ou l’autre ne doit pas exister nécessairement dans le sujet qui les reçoit, si ce n’est pourtant dans les choses qui n’ont qu’une seule qualité par nature : pour le fer par exemple, d’être chaud ; pour la neige, d’être blanche. Pour ces choses-là, il faut de toute nécessité que l’un des deux contraires leur appartienne spécialement, et non pas l’un ou l’autre au hasard, puisque le feu ne peut être froid, et la neige ne peut pas davantage être noire.