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§ 13[1]. Être privé et posséder ne doivent pas être confondus avec privation ou possession. La possession c’est la vue ; la privation, c’est l’aveuglement. Mais avoir la vue n’est pas la vue, être aveugle n’est pas l’aveuglement. L’aveuglement, en effet, est une privation : être aveugle, c’est être privé, ce n’est pas privation. Si l’aveuglement était la même chose qu’être aveugle, on pourrait attribuer l’un et l’autre au même objet. Or, on dit d’un homme qu’il est aveugle, mais l’on ne saurait dire qu’il est aveuglement. § 14[2]. Du reste, être privé et posséder paraissent opposés entre eux, comme le sont entre elles privation et possession : le mode de l’opposition est le même de part et d’autre ; et de même que l’aveuglement est opposé à la vue, de même être aveugle est opposé à posséder la vue.

§ 15[3]. De même non plus ce qui tombe sous la négation et l’affirmation, ne doit pas être confondu avec la négation et l’affirmation : l’affirmation est un jugement affirmatif ; la négation, un jugement négatif. Quant aux choses qui tombent sous l’une de ces deux énonciations, on ne saurait dire qu’elles sont des jugements ; ce sont des choses. § 16[4]. Mais on peut dire que ces choses aussi sont opposées entre elles, comme la négation et

  1. Être privé et posséder, La remarque qui suit est vraie ; mais on ne voit pas bien comment elle est nécessaire ici : c’est peut-être pour préparer la remarque du § 15.
  2. De même que l’aveuglement, voilà le rapport de ressemblance après la différence.
  3. Ce qui tombe sous la négation, Les objets auxquels s’appliquent la négation et l’affirmation. — L’affirmation est un jugement, Ou, pour être plus approché du texte : une énonciation.
  4. On peut dire que ces choses aussi, Comme plus haut, § 14, être privé et posséder sont opposés entre eux. — Être assis, n’être pas assis, Même remarque.