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qu’une autre ; une chose juste est plus ou moins juste qu’une autre ; et ces choses reçoivent individuellement une augmentation de qualité ; car une chose blanche peut devenir plus blanche. § 27[1]. Si, du reste, ce s’est pas là le cas général, c’est du moins celui de la plupart des qualitatifs. Mais une justice est-elle plus ou moins justice ? pourrait-on demander ; et de même pour toutes les autres dispositions morales. Ces doutes, en effet, ont été élevés ; on ne peut pas absolument dire qu’une justice soit plus ou moins justice, une santé plus ou moins santé ; pourtant on peut dire que tel homme a moins de santé, moins de justice qu’un autre. Cette remarque peut s’étendre à la science de la grammaire, ou à toutes les autres facultés morales. Donc les choses qui sont dénommées d’après elles, sont incontestablement susceptibles de plus et de moins, puisqu’on dit de tel homme qu’il est plus grammairien, plus juste, moins pourtant, que tel autre, et ainsi du reste. § 28[2]. Un triangle, tout au contraire, ou un quadrilatère ou telle autre figure, ne paraît pas susceptible de plus ou de moins ; car tout ce qui admet la définition de triangle ou de cercle, est cercle et triangle de la même façon ; et quant aux choses qui ne l’admettent pas, elles ne sont triangle ni cercle, pas plus l’une que l’autre. En effet, un quadrilatère n’est pas plus un cercle que ne l’est un trapèze, puisque ni l’un ni l’autre n’admettent la définition du cercle. En général, à moins que les deux objets

  1. Qu’une justice soit plus ou moins justice, La qualité ne reçoit pas de plus et de moins : le qualitatif, l’objet ou l’être qualifié d’âpres cette qualité en reçoit. — Donc les choses, ou les êtres.
  2. Un triangle… ou un quadrilatère, Voilà des qualitatifs qui ne sont pas susceptibles de plus et de moins.