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grammatical de grammaire, juste de justice ; et de même pour tous les autres. § 20[1]. Pour quelques-uns de ces objets, comme les qualités elles-mêmes n’ont pas de nom spécial, ils ne peuvent être nommés par dérivation de ces qualités. Ainsi coureur, lutteur, en tant que qualifications appliquées à une certaine faculté physique, ne sont pas formés par dérivation d’une qualité, puisqu’il n’existe pas de mot pour exprimer les facultés d’après lesquelles on donne ces qualifications, de même qu’il en existe pour les sciences dont la pratique fait donner aux gens les noms de coureurs, de lutteurs. En effet, il existe une science qui reçoit le nom de Pugilat et de Palestre : et ceux qui s’y livrent reçoivent une qualification dérivée du nom de ces sciences. Parfois aussi, il arrive que même quand il existe un nom spécial pour la qualité, on ne qualifie pas l’objet par dérivation de cette qualité. § 21[2]. Ainsi honnête est le qualitatif de vertu, on nomme quelqu’un honnête parce qu’il a de la vertu ; mais son appellation ne dérive pas de vertu. Ce cas du reste n’est pas fréquent. § 22. On peut donc dire que les qualitatifs sont les mots dénommés d’après les qualités, soit par dérivation, soit de toute autre manière.

  1. Il n’existe pas de mot, Il y en a plus en français qu’il n’y en a en grec. — Une qualification dérivée, la langue française n’a pas de mot de ce genre.
  2. Ainsi honnête est le qualitatif de vertu, En français le qualitatif de vertu, c’est vertueux : en grec, l’analogie n’existe pas, et l’adjectif est tout à fait différent du substantif. Je n’ai pu conserver exactement cette ressemblance dans notre langue et j’ai dû prendre le mot d’honnête qui, s’il ne correspond pas à vertu, pourrait correspondre à honneur, comme vertueux et vertu se correspondent. J’ai vainement cherché dans notre langue deux mots qui fussent dans un désaccord analogue à celui que présentent les deux mots grecs. La pensée du reste se comprend fort bien, et n’a pour ainsi dire pas besoin d’explication.