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affectives et des affections ; tout ce qui dès la naissance provient de quelques affections inébranlables, se nomme qualité. Par exemple, la fureur maniaque, la colère, etc., etc., parce qu’en effet on est qualifié d’après elles de furieux, de colérique. On en peut dire autant encore des déportements de divers genres qui ne sont pas de nature, mais qui, par d’autres circonstances, deviennent excessivement difficiles à changer, ou même tout à fait immuables. Eux aussi sont dits qualités parce que nous sommes qualifiés d’après eux. Mais on limite le terme d’affection aux modifications qui naissent de causes rapides et toutes passagères. Par exemple, si par suite d’un chagrin l’on devient plus irascible, on ne dit pas alors que l’individu qui est plus irritable sous l’impression du chagrin, soit un homme colère ; on dit plutôt qu’il éprouve quelque souffrance. Ainsi ce sont là des affections, mais non des qualités.

§ 14[1]. Le quatrième genre de qualité, c’est la figure et la forme extérieure de chaque chose. C’est en outre la direction en ligne droite, en ligne courbe, et telle autre propriété analogue. Chacune de ces propriétés, en effet, suffit pour qualifier une chose. Être triangulaire ou quadrilatère, suffit pour qualifier une chose, et de même pour un objet droit, un objet courbe : et

  1. Le quatrième genre, Genre est encore pris ici pour espèce, comme plus haut § 8. — La figure et la forme, Ces deux mots peuvent être considérés comme identiques ; ou bien l’on peut comprendre, comme l’ont fait quelques commentateurs, que la figure s’applique aux figures mathématiques, et la forme aux choses naturelles. L’exemple cité plus bas du triangle et du quadrilatère semblerait justifier cette distinction.