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appelle hommes sains ceux qui ont la puissance physique de ne pas souffrir aisément de tous les accidents fortuits ; les valétudinaires, ceux qui sont par constitution impuissants à ne pas souffrir aisément de tous ces accidents. C’est dans le même sens qu’on appelle telle chose dure, telle autre molle ; dure, parce qu’elle a la puissance de ne pas être divisée aisément ; molle, parce qu’elle a l’impuissance de cette même qualité.

§ 8[1]. Un troisième genre de qualité se forme des qualités affectives et des affections. Telles sont la douceur, l’amertume, l’âcreté, et toutes les choses de même ordre ; elles sont encore la chaleur, le froid, la blancheur, la noirceur. § 9[2]. Il est évident que ce sont là des qualités ; pour les choses qui les reçoivent sont dites d’après elles être telles ou telles. Ainsi c’est parce que le miel reçoit la douceur qu’il est appelé doux : et le corps est dit blanc, parce qu’il reçoit la blancheur ; et ainsi du reste. § 10[3]. Ces qualités sont appelées affectives, non pas parce

  1. Un troisième genre, Aristote prend ici le mot genre dans le sens d’espèce ; cette confusion est très fréquente. — Qualités affectives, en tant qu’elles affectent d’autres corps ; affections, en tant qu’elles sont dans le corps même. — La noirceur, j’ai pris ce mot au physique, bien que ce sens soit réel.
  2. Telles ou telles. Le mot a comme plus haut un rapport complet de ressemblance avec le mot de qualité ; voir la note du § 1 — Reçoit la douceur, pour réunir sa qualification de douceur.
  3. Parce que relativement aux sensations qu’elles nous donnent, On pourrait reconnaître ici le germe de la doctrine des qualités premières et secondes de la matière. — Elles proviennent elles-mêmes d’une affection, C’est tout au moins une comparaison singulière dont se sert Aristote. Les corps humains sont rouges ou blancs, semble-t-il dire, comme nous-mêmes nous devenons rouges de honte, ou pâles de crainte. Les qualités naturelles du corps sont comme les émotions morales en nous. — Une couleur du même genre soit causée par la nature, la nature agit dans le corps primitivement comme certaines émotions morales agissent sur l’homme, selon les circonstances diverses. Physiologiquement, ceci est encore à prouver.