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§ 3[1]. Ainsi la capacité et la disposition forment une première espèce de qualité. § 4[2]. La capacité diffère de la disposition en ce qu’elle est beaucoup plus durable, beaucoup plus stable ; les sciences et les vertus sont dans le même cas. La science, en effet, paraît une des choses les plus stables, les plus inébranlables pour peu qu’on la possède, sauf le cas de maladie ou telle autre circonstance analogue qui détermine en nous un grand changement. Et dans l’ordre des vertus, la justice, par exemple, la sagesse ou toute autre vertu pareille, semblent quelque chose qui n’est ni facilement variable ni changeant. Les dispositions, au contraire, sont les qualités qui changent sans peine et se modifient rapidement. Ainsi la chaleur, le froid, la santé, la maladie et toutes choses pareilles. L’homme est dans un certain état selon ces dispositions diverses, et il peut changer subitement, de chaud devenant froid, passant de la santé à la maladie, et ainsi du reste. Mais si quelqu’une de ces dispositions même est, par sa longue durée, devenue en quelque sorte naturelle, irrémédiable ou tout à fait immuable, alors on peut l’appeler une véritable capacité. § 5[3]. Car il est clair que ce qui est plus durable et de changement plus difficile, doit être nommé capacité. Ceux qui ne possèdent pas complètement les principes

  1. La capacité, J’ai préféré ce mot à celui d’habitude, qui aurait cependant eu l’avantage de se rapprocher plus de la forme du mot grec ; c’est la première espèce de la qualité.
  2. La science… paraît une des choses les plus stables, Voir Derniers Analytiques, liv. 1, ch. 33.
  3. Plus ou moins de dispositions, Ou mieux : Qu’ils aient plus ou moins d’habileté dans la science dont ils s’occupent.