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l’animal homme venant à disparaître, il n’y aurait plus de science, bien qu’une foule de choses susceptibles d’être sues pussent rester encore après lui. § 20[1]. Il en est de même pour la sensation, l’objet sensible semble antérieur à la sensation : ôtez, en effet, l’objet sensible, il emporte la sensation avec lui. Mais la sensation disparaissant n’enlève pas avec elle l’objet sensible. En effet, les sensations s’appliquent à un corps, et sont dans un corps : l’objet sensible détruit, le corps lui-même disparaît ; car le corps est du nombre des objets sensibles, et s’il n’y a pas de corps, la sensation elle-même disparaît ; de sorte que la chose sensible détruite, détruit avec elle la sensation. La sensation, au contraire, ne détruit pas avec elle la chose sensible. Si l’animal disparaît, la sensation disparaît avec lui ; mais la chose sensible reste ; et c’est, par exemple, le corps, la chaleur, la douceur, l’amertume, et tant d’autres choses du même genre, qui touchent nos sens. § 21. Il y a plus, la sensation ne naît qu’avec l’être qui sent ; car c’est seulement quand l’animal vient à naître, que la sensation naît avec lui. Mais les objets sensibles existent avant qu’il n’y ait ni d’animal, ni de sensation : en effet, le feu, l’eau et tous les éléments analogues dont l’animal est formé, existent avant qu’il n’y ait du tout ni animal ni sensation. Ainsi, l’objet sensible paraîtrait précéder la sensation.

§ 22[2]. On peut se demander si toute substance est exclue des relatifs, ainsi que cela semble, ou bien si

  1. Les sensations s’appliquent à un corps, C’est le corps senti. — Et sont dans un corps. Le corps qui sent. La sensation suppose deux fois l’existence du corps : le corps ne suppose pas la sensation.
  2. On peut se demander, Objection élevée contre la première définition des relatifs. — Un homme de telle chose, Je n’ai pu rendre autrement le génitif grec : il faut, pour bien comprendre cette formule, se rappeler le § 1 de ce chapitre. Un homme n’est pas un homme de quoi que ce soit, comme un père est père d’un fils, un fils fils d’un père. Les relatifs comme père ne se suffisent pas et ont besoin d’un complément, d’un corrélatif qui se lie à eux par la forme du génitif, ou par tel autre cas. Les substances, au contraire, et leurs parties se suffisent, et n’ont pas besoin de complément. Voilà ce qu’Aristote a voulu dire, et la chose est parfaitement vraie. — L’homme de quelque chose, Même remarque sur cette formule. — Pour quelques-unes des substances secondes. Voir plus haut, ch. 5, § 3. — Qui paraissent appartenir aux relatifs, secundum divi : car, en effet, l’appellation est de la même forme et pourrait se confondre avec celle des vrais relatifs d’après la définition du § 1. Il faut cependant la bien distinguer.